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Société MIR
12 août 2007

I

Encore une fois se réveiller et pour quoi ?
Prendre le métro mais pour quoi ?
Les odeurs de la ville souterraine me sont des hauts le coeur en plein combat. L'urine et le vomi sont les détritus de cette nuit que moi j'ai passé aux côtés de ma femme, comme tous les soirs. L'ennui est palpable, et la sueur.
Dans un wagon de métro, ce sont des réelles vagues qui se jouent. Il y a des courants, chaque personne qui rentre charrie une trace derrière elle, longue traîne de parfum, agréable ou non c'est vrai. je n'aime pas le métro. Je n'ai jamais aimé ca, et puis cette sueur qui me dégouline dans le dos, sous mon chapeau aussi : pourquoi est ce que je persiste à porter un costume complet, puisqu'au bureau je suis le seul à me soumettre à cette règle ? Les autres viennent décontracts, de toute façon les contacts avec les clients sont rares, plutôt épistolaires, virtuels, rarement charnels. Penser à : ne plus mettre de costume cravate complet.
Et cette femme, qu'a-t-elle à ainsi me fixer ?
Le métro traverse la campagne, le soleil est bien haut dans le ciel, qui présente au ciel sa face d'ampoule électrique. Les vaches regardent passer les wagons, après tout c'est leur lot quotidien. Heureusement que tout a été prévu pour ne les pas déranger. Et puis quelle idée d'avoir basé la société si loin de toute ville ? Et où vont tous ces gens, eux qui ne travaillent pas avec moi ? Pourquoi alors prendre ce métro ? C'est aujourd'hui, après vingt ans de ces trajets que je me pose la question. Il faut croire qu'un élément pas habituel m'y a fait penser.
Le métro arrive directement dans le sas, avant d'aller au bureau je passe aux toilettes, clean, elles sentent le pin des forêts canadiennes : en tout cas c'est ce qui est marqué sur la boîtes des blocs que l'on suspend dans la cuvette, que la dame de ménage n'a pas rangée. Elle me dit bonjour monsieur geimer da Sylva et je lui dis bonjour Jacqueline comment allez vous bien merci. Je me lave les mains, et fixe mon reflet dans la glace : ça fait longtemps que tous les matins je le regarde, et voit évoluer en direct live les traits de cet homme, sur 20 ans et plus. J'ai vu le changement de teinte des poils de mes barbes de trois jours, autrefois noir de jais, plutôt du style romantique échevelé, maintenant aux pointes blanchies par la fatigue, plutôt style vieil adipeux libidineux. Car mon ventre lui aussi s'est détendu comme une outre vidée, il fait maintenant des plis, façon sharpei, que ma chemise masque plutôt bien, mes yeux sont vagues car ils n'ont plus de but, mes cheveux épars car ils n'ont plus de force. Je me sens comme une mécanique en fin de parcours. Je me sens bien.  Dans les toilettes arrive un petit jeunot que je ne regarde pas. J'aurais bien trop peur qu'il croit que je le matte, ce qui pourrait être le cas.
Je rejoins mon bureau, j'ai beaucoup de lettres à expédier, mes clients sont exigeants, et pour cause, ils sont clients.

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